Wealth & Beyond
TENDANCES SECTORIELLES

Après une croissance soutenue ces dernières années, quelles perspectives pour le secteur de la formation alors que l’Etat semble durcir ses conditions de financement et la réglementation ? 

En France, près de la moitié des 25-34 ans sont diplômés du supérieur, et près d’un quart d’entre eux ont étudiés dans des établissements privés1. La dépense intérieure d’éducation atteignait 160.6 milliards d’euros en 2020. Parallèlement à l’enseignement supérieur, les organismes de formation professionnelle se sont multipliés sur le territoire, ils étaient près de 75 000 en 2021 (hors CFA), soit une progression de 17.5% par rapport à 2019. Poussés notamment par le Compte Professionnel de Formation (CPF), leur avenir est incertain depuis que le gouvernement a annoncé le mécanisme du reste à charge pour les titulaires du CPF et la fin des financements publics, depuis janvier 2022, pour les formations sans certification Qualiopi2

Le secteur de la formation professionnelle réalisait 23.5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, dont 80% était produit par des organismes privés, et les prix à la consommation ressentis par les adultes auditeurs de formations continues n’ont cessés d’augmenter ces dix dernières années : +18% entre 2010 et 20221

Etudiants qui étudient sur des tables

L’adaptation de l’éducation aux nouveaux défis économiques

Les nouvelles générations d’actifs en France sortent en grande proportion de l’éducation supérieure, et nourrissent une économie gourmande en emploi qualifiés. Mais les évolutions rapides de certains secteurs d’activité nécessitent également l’évolution des compétences des actifs en milieu de carrière. Comment le secteur de l’éducation s’adapte-t-il aux évolutions de l’économie ? 

Rôle du CPF

Alors que l’économie française tertiarisée repose particulièrement sur des postes à haute qualifications, et que l’économie des services subit des évolutions rapides, la nécessité de former non seulement les jeunes avant leur arrivée sur le marché de l’emploi mais aussi les adultes déjà actifs semble évidente. C’était dans ce contexte que le Compte Professionnel de Formation (CPF) avait vu le jour. 

Loi Avenir Professionnel : Impact sur les travailleurs et les entreprises

En 2019, la loi Avenir Professionnel actait de nombreuses modifications du marché de l’éducation, avec notamment la naissance des OPCO (Opérateur de Compétences), organismes reconnus et agréés par l’Etat. Cette loi visait à renforcer le suivi de formations par les salariés, notamment à travers le système « d’abondement correctif », pénalisant les employeurs ne faisant pas bénéficier à leurs salariés d’au moins une formation non-obligatoire tous les 6 ans. Par ailleurs, le texte établissait de nouvelles règles en matière d’assurance chômage et de rémunération, intégrant les formations obligatoires et non-obligatoires en milieu professionnel3

Le gouvernement a prévu dans un plan de relance neuf mesures pour l’Enseignement Supérieure, la Recherche et l’Innovation (ESRI), avec une enveloppe de 7.8 milliards d’euros4. Ce plan prévoit notamment d’allouer 35 millions d’euros pour renforcer le dispositif de garantie des prêts étudiants, ce qui devrait permettre de soutenir les inscriptions des étudiants dans les enseignements supérieurs privés. Toujours dans l’enseignement supérieur, 180 millions d’euros devraient permettre de créer des places de formation4.

Les acteurs émergents dans le secteur de la formation

Les mutations règlementaires et l’évolution du marché de ces dernières années ont soutenu une grande dynamique au sein du secteur de la formation. Qui sont les acteurs émergents qui réussissent à s’imposer ? 

La croissance des organisations de formation professionnelle témoigne de la demande croissante pour des programmes de formation pertinents au sein du marché du travail. Parmi tous ces nouveaux acteurs, des entreprises innovantes réussissent à séduire une partie du marché. 

Les plateformes d’e-learning, notamment, rencontrent un franc succès, comme les start-ups OpenClassrooms ou Coursera. D’un autre côté, des plateformes proposent des formations du supérieur, comme des MBA ou des Masters, par exemple Studi ou iconoClass. 

Ces acteurs émergents se font concurrence avec des prix attractifs, des prestations personnalisées, ils se concentrent principalement sur des formations aux métiers du numérique. Dans un monde où le télétravail devient la norme, ces plateformes présentent des solutions adaptées, notamment pour les employeurs, et leurs services numériques parfois très poussés permettent d’atteindre sur certains aspects des qualités d’enseignement similaires au présentiel. 

Bureau avec ordinateur

Perspectives d’avenir du secteur de la formation face aux réglementations

Si le secteur de la formation a connu une grande dynamique ces dernières années, et a vu arriver de nombreux acteurs émergents, l’Etat semble faire machine arrière sur certains sujets, et notamment durcir les conditions de financement public du secteur. Quels sont les perspectives du secteur pour les années à venir ? 

Le durcissement des conditions pour exercer dans le secteur, et notamment pour recevoir des subventions publiques, risque de marquer un coup d’arrêt dans la croissance jusqu’ici soutenue. Les tensions risquent de venir par deux côtés : l’offre et la demande. L’offre sera impactée à cause de la difficulté, et surtout de l’ancienneté nécessaire pour obtenir les labels qualités de l’Etat, en particulier Qualiopi, et la demande risque de souffrir du mécanisme de reste à charge pour les titulaires d’un compte CPF, et de la diminution du budget de l’Etat dédié aux aides à la formation professionnel, annoncée en 2022. 

La formation professionnelle devrait connaître des années plus difficiles à l’avenir. Le marché doit s’attendre à une diminution des achats de formation à titre individuel, par les ménages, et le durcissement des barrières à l’entrée, notamment à cause de la réglementation. D’un autre côté, les entreprises du secteur peuvent miser sur l’élargissement de leur catalogue, l’augmentation des prix de leurs formations et l’augmentation de la dépense nationale en formation professionnelle qui devrait croître de 1.5% encore en 20231. Les start-ups nouvellement installées dans le secteur vont devoir démontrer leur résilience pour maintenir leur modèle économique, et devraient subir des difficultés en matière de labels sur leurs formations. D’un autre côté, les entreprises sont toujours demandeuses de formation professionnelle pour faire évoluer les compétences de leurs collaborateurs, et ces certainement ces dernières que les organismes de la formation professionnelle doivent réussir à séduire. 

Sources :
1 Xerfi, Les organismes de formation professionnelle, 2022. 
2 Digi-Certif, Qu’est-ce que la certification Qualiopi ?, 2023. 
3 Gouvernement, Loi Avenir professionnel n°2018-771 du 5 septembre 2018, 2018. 

Vous êtes chef d’entreprise dans le secteur de l’éducation et vous souhaitez développer votre patrimoine ?

Nos banquiers privés référents sur votre secteur d’activité sont disponibles sur rendez-vous.

Ruben Aouizerate
Banquier Privé

Direction Marketing