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PERSPECTIVES MACRO ÉCONOMIQUES

Macro – Marchés : Les questions de l’été (et tentative de réponses…) 

Pour le moment, l’impact des droits de douane effectifs est relativement modeste sur l’inflation, et notamment inférieur aux attentes des marchés. Les entreprises ont procédé à des achats d’anticipation avant leur mise en œuvre et continuent de puiser dans les stocks actuels. Par ailleurs, dans l’attente du résultat des négociations, il y a probablement une volonté de ménager le consommateur en ne transmettant pas immédiatement les hausses de coûts.  

Néanmoins, on constate une accélération de la dynamique des prix sur les biens susceptibles d’être frappés de nouveaux droits de douane, comme l’ameublement, l’électroménager ou les jouets. Si l’on s’en tient aux prix à la production, on constate un début d’accélération des prix des biens, mais cela est largement compensé par une décrue du côté des services, qui représentent le poids le plus important dans l’économie américaine. 

Pile d’une médaille d’argent avec le graphique, utilisation concept investissement financier

En conclusion, si les droits de douane produisent leurs effets sur l’inflation des biens, leur conséquence négative sur le moral des ménages et la croissance risque bien d’aboutir à une inflation relativement modérée au total, du fait du ralentissement dans les services.  

Les inquiétudes se concentrent sur l’incertitude générée par l’administration américaine, mais aussi sur les craintes d’un rebond de l’inflation en raison de l’impact des barrières douanières. Néanmoins, c’est plutôt au Japon, au Royaume-Uni, voire en France, que le risque politique suscite des questions et contribue à dégrader concrètement la liquidité sur le marché obligataire souverain.

À ce titre, les principaux détenteurs de la dette américaine n’indiquent aucun signe tangible de défiance à l’égard des actifs américains. Il s’agit plutôt d’un effort de diversification de la part des investisseurs, notamment en raison des investisseurs en actions européens qui reconsidèrent leur marché domestique face à la remise en cause de l’exceptionnalisme américain. Il convient néanmoins de rester attentif à la situation de liquidité, notamment au Japon, dont la remontée des taux a déjà contribué à alimenter la volatilité globale à travers les opérations de carry trade (opération financière qui consiste à emprunter dans une devise à taux faible pour investir dans des actifs à rendement plus élevé) l’année dernière.

graphique des indices des conditions de liquidité sur les titres souverains
2 blocs de couleurs violets

Alors que la saison des publications démarre aux États-Unis, les marchés seront à la recherche des premiers impacts des barrières douanières dans les résultats des entreprises. Ne disposant plus forcément de la même capacité de pricing power (pouvoir de fixation des prix) que durant l’immédiat après-COVID, il est possible que les taxes douanières viennent grignoter les marges. Ce risque n’est aujourd’hui pas valorisé par les marchés, qui considèrent, à ces niveaux de valorisation, que le pricing power exceptionnel de l’après-COVID est une nouvelle norme.  

Avec une croissance de +2,6 % par rapport au même trimestre de l’année dernière, le consensus des analystes attend l’un des trimestres les plus faibles pour les profits des entreprises américaines depuis 2 ans. L’anticipation d’une dégradation relative des profits par rapport aux entreprises européennes est notamment l’une des raisons derrière la surperformance de l’Europe cette année. 

graphique du différentiel de croissance bénéficiaire aux Etats Unis vs en zone Euro

Oui, aux États-Unis, moins ailleurs. L’ensemble des mesures de valorisation aux États-Unis tutoie les plus hauts historiques (P/E, P/B, P/E ajustés du cycle…). Même si les valorisations ont souvent été un indicateur peu fiable pour le timing de marché, le recul historique invite à la prudence dans le cadre d’une allocation stratégique.  

La problématique centrale de valorisation n’est pas tant le niveau des valorisations en absolu, mais la concomitance de valorisations tendues avec des taux d’intérêt plus élevés. La prime de risque des actions américaines est désormais négative, ce qui, historiquement, s’est avéré être un contexte peu porteur pour les rendements à long terme des actions. 

En dehors des États-Unis, notamment en Europe. À plus de 6 000 points, le S&P 500 américain ne valorise pas un freinage de l’économie, ni même une stabilisation, mais une réaccélération de la croissance. En effet, à ces niveaux de valorisations et compte tenu des taux actuels, les marchés anticipent une croissance des profits entre 15 % et 20 % après +10 % en 2024, et contre un consensus des analystes autour de +8 %. 

Le consensus des économistes, de son côté, attend +1,5 % de croissance de l’économie américaine en 2025 (+1,2 % pour nos économistes) après +2,8 % en 2024. Un tel scénario implique une croissance des profits nettement plus modeste, autour de +5 %. Dans ce contexte, la zone euro affiche des valorisations plus cohérentes avec une économie qui a réalisé son atterrissage, et le potentiel sur les actions nous semble plus pertinent dans l’hypothèse d’une économie en voie de reprise, même modeste (nos économistes attendent +1,2 % en 2025 après +0,8 % en 2024). 

tableau des indices


Sources des graphiques : LSEG Datastream Natixis Wealth Management

Achevé de rédiger le 21/07/25   

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Benoît Peloille Chief Investment Officer