Wealth & Beyond
TENDANCES SECTORIELLES

Alors que l’évolution des prix modifie les habitudes de consommation, quels sont les chantiers d’avenir de l’agroalimentaire ? 

Le secteur de l’agroalimentaire est le premier employeur français, et ses exports placent la France en 4ème plus gros exportateur mondial. Marché vital de notre économie, ses exports sont montés à 53,3 milliards d’euros en 20211. La force de ce secteur réside dans ses débouchés, d’une part par la dynamique de l’export, et d’autre part par le marché domestique, puisque 80% des produits agroalimentaires consommés en France sont produits en France, et que le secteur transforme 70% de la production nationale1

Néanmoins, après un pic de production en 2021 et 2022, la production diminue en 2023 de 1,5%. Cette baisse est la conséquence de la baisse de la demande, due à l’inflation qui favorise les produits importés plus compétitifs2. Le climat des affaires du secteur, après un pic en 2022, en ressort dégradé cette année3

industrie agroalimentaire

L’impact de l’inflation sur l’industrie agroalimentaire

La France consomme principalement des produits fabriqués sur son territoire, et son industrie agroalimentaire en est le premier employeur. Subissant l’augmentation des prix, le climat des affaires du secteur s’est dégradé en 2023. Toutes les branches de l’agroalimentaire sont-elles touchées de la même manière ? 

La baisse du climat des affaires du secteur inquiète la sphère politique, notamment parce qu’elle menace la « réindustrialisation » souhaitée par le gouvernement. L’inflation, particulièrement vigoureuse sur l’alimentaire, ne touche pas tous ses produits de la même façon ; elle est plus vive sur les viandes (surgelés et hachées), les pâtes alimentaires et ménagères, et les plats cuisinés à base de pâtes4

Ainsi, entre 2020 et 2021, certaines branches de l’industrie ce sont considérablement consolidées, comme la transformation et conservation du poisson, de crustacés et de mollusques qui a augmenté de 7,3%, quand, de l’autre côté, la fabrication d’huiles et graisses végétales et animales a chuté quasiment dans la même proportion. Ce constat montre que, à l’exception des produits de boulangerie-pâtisserie et pâtes alimentaire, les plus grosses branches en volumes de l’industrie agroalimentaire sont aussi celles qui souffrent le plus de la baisse de consommation des ménages. En effet, la transformation de la viande et la fabrication de produits laitiers, totalisant quasiment 50 milliards d’euros de valeur de production en 2021 (sur un total de 170 milliards d’euros), sont aussi des postes ayant souffert de la baisse de la consommation des ménages (respectivement -5% et -2,7%) et se sont maintenu grâce à l’augmentation des exportations5

Les défis des entreprises agroalimentaires

Les entreprises de l’agroalimentaire cherchent à se différencier pour capter de la clientèle et la conserver. Sur ce sujet, les grandes entreprises n’ont pas les mêmes enjeux que les PME. Quelle différence d’approche entre grandes et petites entreprises ? 

Grandes entreprises VS PME : différences d’approche

champs agroalimentaire

La problématique pour le politique est de cibler les aides sur le secteur. En effet, l’agroalimentaire est un secteur hétérogène, qui regroupe plus de 16 000 entreprises en France, employant plus de 430 000 équivalents temps plein.

Si 98% de ses établissements sont des TPE et PME, 43% du chiffre d’affaires de l’agroalimentaire est concentré sur les 23 plus grosses entreprises, et plus largement, 84% du chiffre d’affaires est réalisé par les ETI et GE1 : elles sont 315 en tout. 

Les enjeux de l’image de marque et de la compétitivité

Pour assurer leurs ventes auprès des ménages français, ces industries peuvent se reposer soit sur une image de marque, voire sur une image de qualité (c’est l’enjeu des labels), soit sur la compétitivité. Evidemment, chacune des stratégies n’est pas disponible pour toutes les tailles d’entreprises. Même si certaines PME réussissent à imposer une image de qualité sur leurs produits en visant le haut de gamme, ce n’est pas atteignable dans toutes les branches. Cette dichotomie de stratégie trouve ses racines dans les stratégies des grandes enseignes de distribution, principaux distributeurs des produits de l’agroalimentaire. Dans cette période de fort mouvement des prix, la stratégie de ce secteur de la grande distribution n’est ni homogène ni encore pleinement définie. Nous vous invitons à consulter notre article sur le sujet : Le secteur de la grande distribution peut-il sortir gagnant de la crise inflationniste ?

Parmi les grands acteurs du secteur, on dénombre des géants, en premier Danone, avec plus de 24 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022, suivi de Lactalis, avec 22 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Derrière eux le luxe se porte très bien, avec par exemple Moët Hennessy affichant près de 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Enfin, on dénombre des groupes dépendants de groupes de grande distribution, par exemple Agromousquetaire et ses plus de 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires1

Les perspectives d’avenir du secteur agroalimentaire

L’exportation agroalimentaire française est en difficulté et la production stagnante. Pourtant, l’Etat a des objectifs ambitieux à horizon 2030 et au-delà. Dans un environnement des coûts et de pouvoir d’achat tendu, quelles voies de développement pour l’industrie agroalimentaire française ? 

Les mesures pour l’attractivité des métiers du secteur

L’Etat français a prévu un vaste volet de son plan France 2030 concernant l’agroalimentaire. Tout d’abord conscient du problème lié au vieillissement des employés de l’agroalimentaire, relevé par l’INSEE dans son enquête Les métiers de l’agroalimentaires face à des enjeux de renouvellement en 2019, il vise à développer l’attractivité des métiers du secteur. Pour lutter contre la baisse de la production, l’Etat ne vise plus la compétitivité, au contraire, il souhaite « valoriser le modèle français d’excellence » à l’international et, pour le marché domestique « donner à l’alimentation son juste prix » devrait convaincre les consommateurs de consommer français. 

Les défis de la qualité dans un contexte de changement d’habitude de consommation

Alors que les prix des matières premières diminuent et que ceux des produits alimentaires stagnent en France, les consommateurs ont changé leurs habitudes de consommation. Pour la plupart, ils réduisent la quantité de produits acheté mais aussi la gamme et se tournent vers le low-cost. Or, c’est précisément l’angle mort du plan France 2030, et si les consommateurs ne reviennent pas vers les produits de meilleure qualité avec la stabilisation probable des prix, les industriels devront trouver les moyens de séduire cette clientèle contrainte d’être attentive à ses dépenses. 

production agroalimentaire

Le secteur de l’agroalimentaire est un pendule oscillant entre les matières premières et les difficultés du secteur de l’agriculture, et les débouchés et les stratégies du secteur de la grande distribution.

Les opportunités liées à la qualité et aux appellations d’origine

Il subit l’inflation par les deux bouts : sous pression d’un côté par les producteurs dont les coûts de production augmentent et de l’autres par les distributeurs et l’Etat, pour limiter la hausse des prix. Cependant le secteur est robuste, et ses grands acteurs historiques sont, pour certains, des géants mondiaux dont l’image de marque permet de conserver les clients. Pour les plus petits acteurs ne travaillant pas avec ces géants, si le bio est en perte de vitesse, la différenciation par la qualité est parfois un atout solide. Avec notamment les appellations d’origine contrôlée, le parti de la qualité pourrait se révéler payant à moyen terme, offrant également une opportunité à l’export. 

Source :
1 Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire, Panorama des industries agroalimentaires, 2022. 
2 Xerfi, Les industries alimentaires, 2023. 
3 INSEE, En avril 2023, le climat des affaires dans l’industrie se détériore de nouveau, 2023. 
4 IRI, 2022. 
5 INSEE, Indicateurs macroéconomiques de l’industrie agroalimentaire, 2021.

Vous êtes chef d’entreprise dans le secteur du BTP et vous souhaitez développer votre patrimoine ?


Nos banquiers privés référents sur votre secteur d’activité sont disponibles sur rendez-vous.
 

Axel Punch

Axel Punch
Banquier Privé

Cédric Haberer

Cédric Haberer
Banquier Privé

Direction Marketing