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TENDANCES SECTORIELLES

Quelle dynamique pour le marché privé de la santé en France ? 

En investissant 8.6% de son PIB dans la santé, la France se hissait à la première place des pays de l’OCDE où la santé est la plus accessible en 2019. La crise de la Covid-19 a entraîné des dépenses exceptionnelles : 18.3 Md€ en 2020, 14.8 Md€ en 2021. A cela s’ajoute le financement de l’accès aux vaccins : 5 Md€. Ces dépenses ont augmenté à 9.1% du PIB en 20211

Fabrication de médicaments

Cette croissance du budget de l’Etat pour la santé a accompagné la consommation de services et de biens médicaux2 ; +32% entre 2011 et 2021. En 2022, elle représentait 3 350 euros par habitants. Le reste à charge, lui, s’établit à 1% du revenu disponible brut des ménages. 

Au côté des acteurs publics de la santé se tiennent les acteurs privés à but non lucratif et à but lucratif. Les premiers peuvent prendre la forme d’associations de loi 1901, de fondations, congrégations religieuses, mutualités, etc… et opèrent surtout dans les soins hospitaliers. Les entreprises privées se développent plutôt dans les soins aux personnes âgées (EPHAD), laboratoires pharmaceutiques, bio technologies et autres medtechs. Dans un pays où les consommateurs financent indirectement, à travers le budget de l’Etat, leur consommation de soins et de biens médicaux, l’innovation et les acteurs privés ne sont pas également répartis dans toutes les branches du secteur et ont souvent recours au levier de l’innovation. 

Le financement des acteurs privés du marché de la santé

La consommation de biens et services médicaux en France est en croissance. Si la consommation de la santé est principalement le fruit d’argent public, les acteurs peuvent être privés. Comment sont financés les acteurs privés du marché de la santé ? 

Après le plan 100% santé de 2021, la structure du financement de la santé était répartie en 2022 à 80% pour la Sécurité sociale, 7% pour les ménages, 13% pour les organismes complémentaires et moins de 0.5% additionnels pour l’Etat. Ces financements étaient fléchés principalement vers les soins hospitaliers (48.3%), les soins de ville (27%), les médicaments (13.7%), les autres biens médicaux (8.5%) et les transports sanitaires (2.5%)3

C’est dans les soins hospitaliers que les acteurs publics sont les plus présents. 60% des lits et des places disponibles sont gérés par le secteur de santé public en France, 15% par les établissements privés à but non lucratif et 25% par les cliniques privées à but lucratifs. A l’inverse, de grands groupes privés sont présents dans le secteur pharmaceutique et des medtechs. Ce sont principalement ces secteurs qui ont profité des dépenses exceptionnelles (5 Mds€ en France) liées aux vaccins de la crise pandémique. 

Cette structuration du secteur est financée en partie par le privé, notamment à travers les couvertures complémentaires. En France en 2021, les personnes sans couverture de santé représentaient 5% de la population, dont la moitié pourraient prétendre à la Complémentaire de Santé Solidaire (CSS). La CSS protège 7.2 millions de français. Une très large majorité de la population est couverte soit par des contrats collectifs (un peu moins de la moitié du marché de l’assurance santé) ou par des contrats individuels (un peu plus de la moitié du marché)3

Le privé grossi dans ce mixte, la part de financement de la santé par les organismes complémentaires (OC) a cru de 13.5% en 2021 à 29.2 milliards d’euros : 13.7 milliards d’euros pour les Mutuelles, 9.8 milliards d‘euros pour les Sociétés d’assurance et 5.7 milliards d’euros pour les Instituts de prévoyance4

Plan innovation santé 2030 : Secteurs concernés et Investissements

Si les acteurs publics se concentrent dans les services médicaux de soins hospitaliers et ambulatoires, c’est du côté des laboratoire et des entreprises de pharmacie que l’on retrouve des acteurs privés. La France met en place un plan d’investissement à l’horizon 2030, quels secteurs sont concernés ? 

Le plan innovation santé 2030 représente 7 milliards d’euros d’investissement. Si le secteur public de la santé est surtout concerné par le budget de l’Etat, le gouvernement prévoit de financer le secteur privé sur plusieurs sujets dans un cadre pluriannuel. 

Ainsi, à l’horizon 2030, 2 Mds€ d’investissement sont prévus pour la stratégie d’accélération de la bio production, de la santé digitale et des maladies infectieuses émergentes ; 1,5 Mds€ sont prévus en soutien à l’investissement industriel ; 500 M€ seraient destinés à la maturation des technologies et aux essais cliniques ; 2 Mds€ supplémentaires seraient alloués à l’industrialisation de start-ups via BPI France ; enfin, 1 Mds€ seraient apportés à la recherche. 

Par-delà le financement sonnant et trébuchant, l’Etat prévoit d’accompagner les entreprises privées par d’autres voies, notamment pour faciliter leur accès au marché. Le gouvernement prévoit de faciliter « les mesures d’accès au marché et de mise en cohérence des politiques de régulation des prix des médicaments et dispositifs médicaux pour soutenir les innovations et la production »5

Avec ce plan, l’Etat vise en priorité les entreprises de rupture dans les nouvelles technologies de la santé et l’industrie médicale. Ces entreprises réussissent à lever les barrières à l’entrée du secteur par l’innovation, et le soutien de l’Etat à la recherche et la réflexion autour des contraintes réglementaires tend à faciliter leur développement. 

Dynamique de marché face aux acteurs de rupture

Ainsi que le montre le fléchage des financements du plan innovation 2030, le secteur de la santé n’est souvent accessible aux nouveaux acteurs privés que par l’innovation. C’est par ce biais que de petits acteurs s’imposent face à des géants. Comment le marché privé réagit face à ces acteurs de rupture ? 

Dans le marché de la santé, à fortes barrières à l’entrée, l’innovation est la porte privilégiée des nouveaux entrants. Ces acteurs attirent souvent l’intérêt des entreprises historiques, ce qui catalyse une dynamique de fusions et acquisitions. 

En 2020, en France, une soixantaine d’opérations ont pu être relevées. 39 étaient le fruit de capitaux étrangers, et 21 voyaient des capitaux français partir à l’étranger. 21 opérations valaient plus de 150 M€6

En 2021, le nombre d’opérations de fusion acquisition a augmenté. Les branches les plus concernées étaient les services de soins, les biotechnologies, la pharmacie et les medtechs. En septembre 2021, par exemple, Sanofi a annoncé l’acquisition de Translate Bio, spécialiste des technologies à ARN messager, méthode innovante pour espérer développer un nouveau type de médicaments7. L’opération pesait 2 530 M€. 

Le secteur de la santé en France est un secteur particulier, non seulement à cause de ses barrières à l’entrées mais aussi du fait que le consommateur est rarement directement à l’initiative du financement de ce qu’il consomme. Aussi le marché répond à un besoin en croissance soutenue et les innovations régulières peuvent métamorphoser des branches entières du secteur, faisant la part- belle aux acteurs émergents. Pour garder leur position dominante, les acteurs historiques restent à l’affût de la recherche et des nouveaux acteurs, et n’hésitent pas à investir massivement dans les nouveaux entrants. Ces derniers se retrouvent ainsi en position de force et, bien accompagnés, peuvent tirer de grands bénéfices de leur savoir-faire. 

Sources :
1 INSEE. 
2 La consommation de soins et de bien médicaux (CSBM) est définie par l’INSEE comme l’ensemble des soins hospitaliers, des soins de ville, des transports sanitaires et des médicaments et autres bien médicaux. 
3 Xerfi, L’Assurance Santé, 2022. 
4 DREES, Les dépenses de santé en2021, 2022. 
5 Gouvernement, Innovation santé 2030, 2021. 
6 PwC, M&A in Health Industries, 2021. 
7 Sanofi. 

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