Macro – Marchés / Un lundi agité
Les marchés européens et américains sont attendus en baisse significative ce matin alors que les bourses asiatiques subissent des turbulences majeures, en particulier au Japon où la bourse de Tokyo chute de plus de 10%. En cause, les mauvaises statistiques américaines, les résultats de sociétés décevants et le risque financier au Japon.

Un lundi historique en Asie
Les futures sur indice en Europe et aux Etats-Unis reculent significativement ce matin avant l’ouverture des bourses occidentales sous l’effet de la chute des marchés en Asie (Corée suspendue, baisses comprises entre -3% et -11%). Le Japon est en particulier dans la tourmente avec un indice Nikkei en repli de plus de 12% en séance, du jamais vu depuis le Black Monday d’octobre 1987. La principale raison de l’accélération des secousses depuis le recul des marchés ces derniers jours revient à la violente remontée du Yen face au dollar sous l’effet du début de normalisation de la politique monétaire de la banque centrale japonaise. Celle-ci, après avoir relevé ses taux pour la première fois en mars dernier, a signalé récemment son intention de poursuivre sa stratégie.
Le yen sous pression intense
Les marchés réagissent donc en mettant fin en partie aux opérations populaires depuis des années de carry trade utilisant la faiblesse du yen pour investir sur des devises plus rémunératrices ailleurs (notamment aux Etats-Unis). C’est notamment la faiblesse de la devise japonaise qui a largement entretenu la hausse des actions locales ces derniers mois. Compte tenu de l’ampleur des mouvements, et du rôle joué par le Yen sur les marchés, la probabilité de voir des acteurs souffrir de pertes significatives est élevée, ce qui risque de peser tout particulièrement sur le sentiment général.
Le risque d’irréversibilité des politiques monétaires trop accommodantes
Cette remontée violente de la devise reflète la difficulté de normaliser une politique monétaire très accommodante mise en place pendant très longtemps et le danger de relever les taux dans une économie très endettée. La BOJ (Bank of Japan, banque centrale du Japon) est la dernière à entreprendre la normalisation de sa politique monétaire mais également celle qui a maintenu le plus longtemps sa politique de taux bas couplée à des achats d’actifs. La remontée des taux fait souffrir en particulier les secteurs sensibles aux taux d’intérêt mais soulève des risques pour le secteur bancaire. La fin des politiques de quantitative easing (achat de papier par les banques centrales pour conserver les taux bas et stimuler la croissance) et de taux très bas, ont pour effet de fragiliser les bilans bancaires en raison de la perte de valeur du papier détenu au bilan. Le risque étant de paralyser leur capacité de prêt et de bloquer le financement de l’économie (credit crunch).


La crainte de récession aux Etats-Unis
Ces mouvements de marché font suite à l’enchainement de statistiques décevantes aux Etats-Unis qui ont relevé largement le risque de récession ces derniers jours. En effet, l’économie américaine est la seule économie développée qui n’a pas encore procédé à son atterrissage après le cycle de resserrement monétaire. Largement repoussé depuis 2 ans, le risque de récession fait un retour remarqué alors que les publications de résultats sont marquées par les déceptions notables, et alors que la qualité des résultats constitue depuis plusieurs trimestre l’élément central de la hausse des actions, mais aussi des chiffres d’activité qui pointent un freinage plus marqué et un marché de l’emploi qui se dégrade plus vite que prévu.
Vendredi, le rapport sur l’emploi américain a fait état de création de d’emplois moins nombreuses, mais surtout, la remontée inattendue du taux de chômage constitue une alerte majeure quant à l’ampleur du ralentissement qui se profile. Avec cette remontée inattendue, l’évolution du taux de chômage est déjà supérieure à la projection de la Fed à fin d’année et a notamment déclenché un seuil compatible avec l’entrée de l’économie en récession (règle de Sahm ci-dessous) particulièrement suivi par les économistes et les marchés.
Quelles conséquences pour les marchés ?
Les marchés d’actifs risqués devraient largement souffrir de la remontée de la volatilité alors que l’obligataire sans risque devrait largement en bénéficier. Les taux souverains devraient largement profiter de la recherche de refuges et des anticipations de baisses de taux qui apparaissent inévitables alors que la Fed a suggéré un premier ajustement en septembre. Celle-ci apparait aujourd’hui largement en retard d’après les anticipations de marchés qui n’attendent désormais pas moins de 5 baisses de taux d’ici fin d’année (contre seulement 2 fin juin !).
Sur les 12 prochains mois, les marchés anticipent plus de 200bps de baisse des taux directeurs de la Réserve Fédérale américaine, un mouvement compatible historiquement avec une entrée en récession. Une réunion d’urgence et un ajustement des taux de la part des banques centrales n’est pas à exclure et dépendra de l’ampleur de la baisse des indices ces prochains jours.


Scénarios valorisés et potentiels
Pour rappel, voici les scénarios possibles et les niveaux d’indices actions théoriques qui correspondent.

Sources des graphiques : LSEG Datastream Natixis Wealth Management
Achevé de rédiger le 5 août 2024
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